« Nous étions sans cesse présentées au cercle des invités nocturnes,
telles deux singes prouvant par la ressemblance de leur dentition,
qu’elles sont bien d’un même moule.
Mystérieuses créatures, nous portions en nous le fantasme de l’indivisible,
le fantasme de la compréhension innée d’un langage étrange.
Nous étions le « et » et le « comme ».
Le « pas-comme-ci »
Le « presque-pareil »
Le « tout-en-un »
Le « pas-tout-à-fait- deux », « l’à-côté », « l’accessoire », « l’annexe ».
Nous portions tout cela.
Nous commencions une inéluctable existence,
piégées par la nature même de notre naissance.
Nous étions jumelles. »
Delphine Grenier 2016
À partir de dessins monotypes, gravures et céramique Delphine Grenier développe le thème du double : le double jumeau ou son esprit. Venu des contes, de l’imaginaire ou du mythe, il pourrait être « Zar » comme l’évoque Michel Leiris dans son ouvrage « L ‘Afrique fantôme » ou jumeau réel, comme elle même, Delphine Grenier joue sur l’ambiguïté de la ressemblance ou de la fausse ressemblance, comme le ferait un jumeau en jouant ou déjouant l’image de double que l’autre lui porte ou fait porter.
« Comment devient on un ëtre unique quand on naît avec un double de soi-même,
tout est pareil chez les jumeaux : gène, couleur des yeux, traits du visage.
Ce sont pourtant des individus uniques.»